Commerces de Proximite
Pourquoi le commerce de proximité est essentiel dans nos villes et villages ?
Le commerce de proximité, c’est bien plus qu’un lieu d’achat : c’est un lieu de vie, d’échange et de lien social.
Soutenir nos artisans, boulangers, cafés et petites boutiques, c’est faire vivre nos villages, préserver des emplois locaux et renforcer la convivialité de nos territoires.
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18 octobre 2025
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Dans un village, la boulangerie n’est pas seulement un point de vente de pain. C’est le “bonjour” du matin, l’endroit où l’on croise le voisin, où l’on affiche la kermesse de l’école, un évenement local..! et où les nouveaux arrivants se sentent accueillis. Un commerce de proximité, c’est un repère social, un lieu d’échange, parfois même un service public de fait. Dans un contexte de fragilisation des centres-bourgs , vacance commerciale en hausse, concurrence des zones périphériques et du e-commerce.
la question n’est plus “faut-il sauver les commerces de village ?”, mais “comment les faire revivre durablement ?”.
1) Un rôle social irremplaçable
Le premier apport est humain : la présence quotidienne d’un commerçant crée du lien, rend des services (dépôt de colis, petite monnaie, relais d’informations locales) et rompt l’isolement des publics fragiles — personnes âgées, jeunes parents, travailleurs aux horaires décalés. Quand un village perd son dernier commerce, c’est une partie de sa sociabilité qui s’éteint. Or, la France connaît une “décommercialisation” marquée : en 2024, la vacance commerciale est montée à 10,64 % (contre 9,73 % un an plus tôt), avec des pointes dans certaines rues marchandes et centres commerciaux. procos.org
Plus préoccupant encore, la désertification touche l’armature communale : “Aujourd’hui, 62 % des communes ne disposent d’aucun commerce, alors qu’en 1980 ce taux était de 25 %.” Ce constat, rappelé début 2025 dans la feuille de route gouvernementale, dit l’ampleur de l’enjeu pour les territoires ruraux. Banque des Territoires
2) Un pilier de la vitalité économique locale
Les commerces et services de proximité (alimentation, cafés, restauration, réparation, coiffure…) irriguent l’économie locale. Ils génèrent et maintiennent de l’emploi non délocalisable. Selon la Cour des comptes, ce tissu de proximité représente environ 700 000 entreprises et 1,1 million d’emplois en France. Cour des comptes
L’année 2024 a toutefois été chahutée : l’emploi salarié du commerce a reculé de – 0,2 % au niveau national (– 6 300 emplois), tandis que, dans les secteurs de proximité, 17 000 emplois salariés ont disparu sur l’année — avec des contrastes : l’alimentation a, elle, créé + 18 810 emplois, quand la construction en a perdu – 25 740. Insee+1
Ces chiffres soulignent deux réalités : d’un côté une fragilité conjoncturelle liée aux coûts (énergie, loyers) et aux mutations de la consommation ; de l’autre, une capacité de résilience de segments “essentiels” comme l’alimentation, socle des centres-bourgs.
3) Des effets d’entraînement mesurables (emplois, foncier, services)
La présence d’un “noyau” de commerces (boulangerie, café, multiservices) agit comme un levier : elle stabilise l’immobilier, attire des professionnels de santé ou des artisans, et justifie des services (La Poste, distributeur bancaire, bibliothèques, micro-crèches). À l’inverse, la vacance commerciale nourrit un cercle vicieux : baisse de fréquentation, fermeture d’enseignes, chute de valeur des linéaires et perte d’attractivité résidentielle — une dynamique documentée depuis vingt ans avec le doublement de la vacance des centres-villes (environ 5,9 % en 2004 à 10,85 % en 2024, avec des pics > 20 % selon les zones). Le Monde.fr
4) Auvergne-Rhône-Alpes : une région-laboratoire
En Auvergne-Rhône-Alpes, la diversité des territoires — métropoles (Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand), villes moyennes (Valence, Bourg-en-Bresse, Vienne, Romans-sur-Isère, Chambéry, Annecy) et maillage de bourgs (Annonay, Saint-Rambert-d’Albon, Serrières, Roussillon, Chanas…) — en fait un laboratoire de solutions. Côté dynamique entrepreneuriale, 130 063 entreprises ont vu le jour en 2024 dans la région, soit + 7,6 % sur un an ; la progression est particulièrement forte dans le commerce (+ 15,1 %). Bpifrance Création+1
Côté politiques publiques, deux leviers structurants sont mobilisés : Action cœur de ville (ACV) pour les villes moyennes et Petites Villes de Demain (PVD) pour les centralités de moins de 20 000 habitants, avec un appui technique et financier jusqu’en 2026 pour des projets de revitalisation (requalification des rez-de-chaussée, réouverture de cellules, services mutualisés). Préfetures et Régions+1
Les CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes publient chaque année des Chiffres-clés utiles pour objectiver l’attractivité, l’emploi et l’investissement par département ; ces tableaux de bord aident les élus et unions commerciales à cibler les rues, calibrer les loyers et prioriser les aides à la modernisation. auvergne-rhone-alpes.cci.fr+1
5) Villes et villages : le même combat, des réponses sur-mesure
La situation d’un quartier commerçant à Lyon ou Grenoble n’est pas celle d’un bourg comme Saint-Rambert-d’Albon. En métropole, l’enjeu est souvent la mixité (logements au-dessus des rez-de-chaussée, requalification des friches, gestion des flux), quand, en rural, l’enjeu est la multifonctionnalité (un seul lieu peut faire épicerie-café-poste-tabac-colis). Partout, le numérique est un allié : click-and-collect, vitrine en ligne, fidélisation… mais la rentabilité des mètres carrés exige des équilibres nouveaux (loyers-état des locaux-fréquentation).
Au-delà du social : des résultats concrets à viser
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Réduire la vacance commerciale : revenir sous les 10 % à court terme est un cap réaliste au vu des niveaux observés début 2025 (10,64 %). Actions possibles : baux précaires pour tester des concepts, occupation temporaire par des associations ou artisans, fonds de requalification des rez-de-chaussée, gestion de “locaux à loyers modérés” pour primo-commerçants. procos.org
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Réarmer les centralités rurales : la cible gouvernementale est claire face aux 62 % de communes sans commerce ; PVD et ACV permettent d’agréger subventions, ingénierie et accompagnement. Banque des Territoires+1
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Soutenir l’emploi local : en 2024, l’emploi du commerce a légèrement reculé (– 0,2 %) ; les dispositifs locaux peuvent contrebalancer la tendance en favorisant les segments qui recrutent (alimentation : + 18 810 emplois). Insee+1
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Accélérer la création d’entreprises : capitaliser sur la dynamique régionale (+ 7,6 % de créations en AURA en 2024), en simplifiant les pas-de-porte, le micro-leasing d’équipements, et en offrant des coachings “ouverture en 100 jours”. Bpifrance Création
Exemples de terrain en Auvergne-Rhône-Alpes
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Lyon, Grenoble, Saint-Étienne : enjeux de rééquilibrage entre zones commerciales périphériques et rues marchandes, requalification de galeries et d’îlots, intégration d’activités “fraîches” (food, seconde main, réparation) pour ramener de la fréquentation quotidienne. Les diagnostics Procos et Codata montrent que la vacance touche d’abord les centres commerciaux et rues marchandes ; agir sur les horaires, la programmation évènementielle et l’offre de services (consigne, colis, tiers-lieux) est déterminant. procos.org
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Valence, Bourg-en-Bresse, Vienne, Romans-sur-Isère, Chambéry, Annecy : ces villes moyennes associent ACV, Cœur de Ville et foncières locales pour “acheter-rénover-relouer” des cellules stratégiques. Les Chiffres-clés CCI servent d’étai pour piloter ces opérations. auvergne-rhone-alpes.cci.fr+1
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Annonay, Saint-Rambert-d’Albon, Serrières, Roussillon, Chanas : typologie bourg-périurbain, où le multiservices (épicerie-poste-café) et le maillage des artisans (électricité, carrosserie, dépannage) répondent aux besoins du quotidien, limitant les déplacements et gardant le pouvoir d’achat sur place. Ces centralités sont éligibles aux outils PVD jusqu’en 2026. Préfetures et Régions
Cinq leviers concrets pour (ré)animer le commerce de village
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Passer du local “sympa” au local “utile”
Mettre au cœur de l’offre des services réels : colis, relais-poste, petite réparation, paniers locaux, conciergerie de village. Le commerce devient un “hub” du quotidien plus qu’un simple point de vente.
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Jouer collectif (mairie-CCI-bailleurs-commerçants)
Monter une charte de redynamisation : loyers “progressifs” la 1ère année, mutualisation de l’équipement (terminal de paiement, vitrine digitale), évènements communs (marchés de producteurs, braderies, nocturnes).
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Activer ACV / PVD et la foncière locale
Utiliser les outils existants pour acheter-rénover-relouer des cellules clés, combler les discontinuités urbaines, appairer une offre manquante (boucherie, primeur, café-resto) avec un porteur de projet accompagné. Préfetures et Régions+1
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Mixer les usages et élargir les horaires
Un café-épicerie pouvant accueillir une micro-crèche ponctuelle, des ateliers de réparation ou des rendez-vous de services (banque, travailleurs sociaux) augmente la fréquentation. Les horaires “épaissis” (matin tôt/soir) s’alignent sur les flux des navetteurs.
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Numérique raisonné
Click-and-collect, précommande, carte de fidélité dématérialisée, vitrine commune des commerçants du bourg : l’objectif n’est pas d’imiter les plateformes, mais de faciliter l’achat local. (Rappel : en 2024, l’e-commerce progresse partout ; l’enjeu est d’être présent là où les habitants s’informent et commandent.) Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme - Site pro
Top 5 – Ce qu’il faut retenir
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Un commerce de village, c’est d’abord du lien social : un repère du quotidien qui lutte contre l’isolement.
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L’impact économique est massif : près de 700 000 entreprises et 1,1 million d’emplois dans les secteurs de proximité en France. Cour des comptes
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La situation reste fragile : vacance commerciale à 10,64 % en 2024 ; l’emploi du commerce – 0,2 % sur l’année. procos.org+1
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Auvergne-Rhône-Alpes est dynamique : 130 063 créations d’entreprises en 2024 (+ 7,6 %), + 15,1 % dans le commerce ; un terrain propice aux projets. Bpifrance Création+1
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Des solutions existent : ACV, PVD jusqu’en 2026, foncières locales, loyers progressifs, multiservices et numérique raisonné pour ramener des clients en centre-bourg. Préfetures et Régions+1
Mot de la fin
Dans un village d’Ardèche ou de Drôme, à Annonay, Saint-Rambert-d’Albon, Serrières, Roussillon ou Chanas, comme dans un quartier de Valence, Vienne ou Romans-sur-Isère, le commerce de proximité est le trait d’union entre économie et vie sociale. En s’appuyant sur des chiffres solides et des dispositifs éprouvés, élus, propriétaires et commerçants peuvent rouvrir des vitrines, ramener des services et, surtout, redonner de la fierté aux habitants. La bonne nouvelle ? Là où l’on réallume la lumière d’un commerce, on rallume souvent toute la rue.